Je suis parfaitement conscient qu’elle est inaccessible, modeste et proche de moi, trop belle, manifestement calme, je manque de temps et elle a autre chose à faire. Elle a un jolie sourire, de jolies yeux, de jolies jambes.
Elle est directe, elle ne laisses jamais l’ambiguïté s’installer, ça me déstabilise, ça raffermit son emprise. Très vite, ses lèvres sur ma joue. J’adore, mais je dit rien.
Elle est jolie quand je la prends dans mes bras. Mes paupières se ferment, Ma respiration saccadée marque le rythme. Ses caresses amicales et mon regard se posent sur son visage, dont je me nourris et qui m’apaise.
La séparation sur le pas de la porte est rapide. Je laisse un peu de moi à chaque fois que cette porte se referme. Je me demande si tu sauras reconnaître le moment où cette quête sans fin m’aura laissé vide, vide de tout sentiment et de toute émotion, ou bien si tu continueras comme une mécanique usée à reproduire les mêmes gestes sans en goûter le sens, jusqu’à ce que les rouages se cassent et te laissent immobile.
Evidemment, j’aimerait qu’elle sois mon amie. Elle est si gentille. De la passion dévorante de mes quinze ans ou de mon cœur de sédentaire, l’un des deux devait céder face à l’autre. En conséquence, j’ai changé, inconsciemment, insensiblement, sans jamais l’avouer. Alors que son sourire est resté le même, elle as forgé la matière interne, tu l’as durcie et rendue impénétrable. Ça n’a pas été facile, parce qu’il faut en passer du temps, à marteler la flamme pour l’étouffer et me rendre adulte. Il en faut du temps pour instinctivement écarter de mon chemin toutes celles qui pourraient la raviver en soufflant sur les braises.