et blabla blabla…
Je n’ai qu’une seule vie et les bâtards me la gâchent. Les méchants, les mauvais, les malins, les cyniques, les donneurs de leçons, les terroristes, les profiteurs, les idiots malfaisants, les ordures, gagnent toujours et tout le temps. Ils se réorganisent. Se déplacent, se ressemblent, s’assemblent et recommencent. Le bien récolte les honneurs et l’espoir ; le mal récolte la fortune, les villas et les putes.
Je dois lutter avec les démons pour m’éduquer comme il faut, sans relâche, je m’inculquer des valeurs que je vois chaque jour piétinées. Respecter les autres, ne pas mentir, ne pas frimer, écouter plutôt que parler, ne pas voler, rendre service, penser aux plus malheureux, ne pas gâcher, faire des choses gratuitement, ne pas attendre en retour, donner un peu de son temps, aider, anticiper, etc, etc, etc. Je suis le fruit d’un millier de consignes familiales, amicales, professionnelles, qui ont donné naissance à une morale qui se tient malgré tout et à laquelle je m’accroche pour me guider dans le grand merdier « des gens » (j’adore ce mot). J’essaie de m’élever peu près dans cet esprit. Mais que c’est dur.
Je ne compte plus les moments où je me dis que la vermine gagne toujours. Les audacieux, les sans gêne, les prétentieux et ceux qui parlent fort, profitent toujours de la bonne gentillesse des honnêtes concons, nous les bisounours. On les laisse passer, on les regarde, sidérés ; leur connerie est anesthésiante et ils profitent de notre apathie pour s’engouffrer et tracer leur chemin. Ils. Les Méchants. Les Dark Vador. À grande échelle, les vilains coulent des pays, des entreprises et des gens, avec notre accord, notre pognon et la bénédiction du sentiment démocratique.
Et si je disais à mon futur fils d’en croquer lui aussi ? Vas-y mon garçon, fais tout pour avoir des bonnes notes ; si tu peux copier, copie ! Repère les bons élèves et demande-leur de faire tes devoirs. Sois le premier dans chaque file d’attente et ne t’occupe pas des plus faibles, ce sont des raclures et des losers. Oui mon fils, si on te frappe sur la joue gauche, tend le genou droit et vise les couilles. Eclate-toi, choppe des meufs, ne tombe pas amoureux ça ne sert à rien, et surtout prend du bon temps parce que la vie est courte et qu’on va tous crever. Si tu le fais pas, d’autres le feront ; alors fais des études pour gagner du fric. Ne suis pas tes passions ; les passions, ça ne paie pas. Chie sur tes potes et tu seras un homme, mon fils.
Je pourrais lui dire ça.
Certains le font, en toute conscience.
Mais non, je ne le ferai pas.
Et d’autres enfoirés continueront à en profiter.
Update : J’ai enlevé la phrase : « Fais une école d’ingénieur pour bosser dans la finance » car elle pourrait être mal interprétée et je ne le souhaite pas. Ce n’est pas une attaque destinée à ceux qui ont fait une école d’ingénieur. Quelques uns de mes très bons amis suivent ce chemin et ils sont des gens remarquables. Justement, je me dis seulement que parfois, en pensant vite, j’aurais dû faire comme eux et me préoccuper plus tard de ce que je veux faire dans la vie. Enfin, j’me comprends…