Il n’y a plus de place pour les choses douces, plus d’intérêt pour la poésie, un certain dédain pour la subtilité. Nous sommes entrer dans l’ère de l’outrance, de l’expression affirmée, une société de l’émotion dans laquelle il est de bon ton d’avoir un avis tranché, excessif, provocateur. Comme si être plus mesuré, réservé, faisait de vous une personne lâche et molle. Pourtant, je crois en la force de la réflexion douce. J’ai foi en son pouvoir. Elle est peut-être moins clinquante, moins impressionnante, mais sa conclusion a un impact beaucoup plus cohérent et juste que le cri spontané de la colère.
Dans ce monde, il y a rien de plus singulier que de réfléchir tout seul, autocentré, les yeux fermé, dans une petite pièce, avec le sourire aux lèvres, allongé sur un matelas, les bras le long du corps, enfin tu vois l’horizontalité du genre. j’ai parfois ces moments de réflexion, Versatile. Instable. Cyclothymique. Déséquilibré. Des réflexions qui marchent avec des béquilles qui n’ont pas la même longueur, haha, d’un genre boiteux, qui tourne en rond. Genre pas fini. Indéterminé. Diffus. Tout ça. Moi naïf comme tout je pensais vivre dans du concentré d’humanité. Je me trompais connement. Tu vois un coup je me marre de la condition humaine, un coup j’en chie. Le reste du temps, j’hausse les épaules, expression corporelle de détachement intellectuel, réflexe primitif d’autodéfense mentale, soubresaut inné homologué par les fatalistes, façon élégante d’épousseter les turpitudes existentielles qui nous plombent sans trop ouvrir ma gueule ; parce qu’il y a des circonstances où l’intelligence c’est de la fermer. Il y a des situations où le bon sens c’est de baisser le regard et de caresser ses pompes, sans faire trop de bruit. Pour sûr qu’à la place j’aurais pu faire des esclandres, gueuler comme un putois.