Le monde d’aujourd’hui prépare l’immonde de demain.

On ne peut enlever aux enfants leur nature enthousiaste.

On naît optimiste et pacifique. Je le crois sincèrement même si je ne suis pas sûr qu’il y ait déjà eu dans l’histoire une étude le démontrant. C’est ma conviction profonde. Tout comme de penser que l’éducation que chacun reçoit influence notre degré de méchanceté et de fourberie. On tend vers la saloperie. Chacun a son petit combat personnel à mener pour avoir un peu plus que son voisin, collègue, membre de sa famille…

Notre histoire commune et cette éducation personnalisée ont cette propension à faire de nous des êtres compétiteurs et cupides. Les plus « enfoirés » d’entre nous réussissent d’ailleurs souvent très bien dans la vie. Oui, il y a aussi des enfoirés pauvres mais c’est qu’ils ont manqué de cynisme à un moment donné pour être plus forts et plus enfoirés que les autres afin de les écraser. C’est la lutte des classes. Heureusement, il nous reste les poètes et les artistes qui parfois réussissent du simple fait d’être talentueux et unique, mais là aussi, il y a quand même quelques enfoirés, de plus en plus d’ailleurs. Des artistes qui pensent que leur conquête du monde fait d’eux des êtres à part, des génies vivants, des intouchables. Je finis par croire que les artistes connus post mortem sont les plus formidables, mais des enfoirés ont fait d’eux des valeurs marchandes. Il y a aussi beaucoup de poètes et d’artistes qui ne réussissent pas au sens social du terme mais qui ont réussi leur liberté d’être humain. Je les envie. J’envie ces gens détachés de toute soif de propriété, de n’être que des consommateurs utiles à leurs justes besoins. De créer simplement, en utilisant n’importe quel matériau, support ou outil. Juste pour exprimer ce qu’ils sont, ce qu’ils pensent, ce qu’ils n’arrivent pas à dire avec des mots. Des artistes qui le font par besoin de trouver un sens à leur existence et non un marché sur lequel exister.

J’aurais pu être hippie ou marginal mais j’aime trop le bonheur fictif que m’apporte la consommation inutile. Je suis comme vous, matérialiste. Un bon vivant qui se complaît dans l’éphémère et le possessif. Ce qui me fait me poser des questions sur mes convictions profondes, sur les combats que je voudrais ou pourrais mener.

J’ai des velléités écologiques mais mes actes du quotidien, malgré mes petits efforts, prouvent le contraire. Pourtant, la surpêche, les océans de plastique, l’élevage de masse, les forêts qu’on décime, les terres que l’ont détruit, l’agriculture intensive, détruire jusqu’à l’air que nous respirons, me font mal au cœur, m’indignent, j’ai honte d’être Homme quand je vois ce qu’on fait à celle qui nous nourrit. Et pourtant, je ne vais rien faire de plus que limiter ma consommation d’eau quand je me brosse les dents et trier mes déchets, 12 ans de trajet en vélo pour les trajets Pro et maintenant du Covoiturage. Rien de plus. Parce que j’ai l’impression que le combat à mener est trop grand, que c’est aux entreprises polluantes d’avoir un cas de conscience même si je sais que ça n’arrivera jamais. Je ne ferai rien de plus que m’indigner sur ce texte ou devant ma télévision. Je suis un lâche comme les autres.

J’ai des envies d’égalité, mais je rêve secrètement d’être riche, ou du moins financièrement confortable. De pouvoir me payer ces trucs inutiles, ces voyages dont je rêve tant, ces restaurants d’exception… CONsommateur de plaisir factice, je me roule dans la luxure.

On en revient toujours à la même chose, cette foutue notion du bonheur. Qu’est-ce qu’être heureux ? Le bonheur est-il un état constant et durable ou juste des moments fragiles ? Qu’est-ce qui fait qu’on ne peut pas être heureux toute une vie ? A quel pourcentage peut-on estimer qu’on a eu une vie heureuse ou une vie de merde ? Problème de riche, problème d’occidental dans un pays riche. Je ne suis même pas une caricature, je suis une réalité. Enfoiré perdu dans une masse grouillante d’enfoirés de différentes catégories, je me fais bousculer et je bouscule aussi pour me faire une place. Et toi, quel enfoiré es-tu ?