Un jour, je regardais par la fenêtre du salon, je me pris à rêver d’elle. De cette femme. Une jeune femme en réalité.
Début 2013.
Le temps était constant et je m’ennuyais.
Alors je pensais à cette femme qui a chamboulé quelque chose dans ma tête. Je ne le sais pas, sans doute à cause de mes vingt trois ans, du haut desquels on ne voit pas grand chose, mais je suis presque certain d’avoir fait exprès de ne rien trouver comme occupation dans le seul but de me permettre de penser à Elle.
Elle s’appelle Elodie.
Ce qui m’importe, c’est ce que le souvenir de cette belle femme me procure comme sensation au plus profond de moi-même. Comme si un peu de bien-être et de mal-être se mélangeaient en moi. Une sensation chaude et un peu enivrante mais qui laisse un goût de péché.
Devant cette fenêtre, je rêve à des choses un peu bizarre que je ne comprend pas très bien.
Je m’imagine skater sur le chemin pour se rendre chez Elle, et Elle au loin, faisant semblant de rien, qui me regarde avec une passion secrète dans les yeux. Je me répète en boucle, inlassablement, les chemins de ballade qu’on a pu faire. Je me répète inlassablement les regards passionnés que m’offre cette femme. Et puis quand c’est fini, je recommence. Je recommence encore et encore. J’en veux plus… Mais je ne sais pas ce qui manque à ce genre d’histoire. J’en veux plus. C’est tout. Je veux cette femme. Mais je ne sais probablement pas ce que signifie ceci. Vouloir cette femme.
Devant la fenêtre du salon, je me repasse la scène une fois de plus.
il se passe quelque chose. À chaque fois que je pense à elle, il se passe quelque chose au creux de mon ventre.
Je suis content d’être un dimanche. J’aime bien être sûr qu’on ne va pas me déranger pendant que je laisse mon imagination faire un tour à l’air libre. Les doux regards passionnés …
Quelle belle femme.
Belle n’est pas le mot exacte, en fait…. les mots me manquent……une femme sensuelle. Je ne sais pas ce qu’elle est pour le moment. Je reste à la fenêtre comme un chien qui attend ses maîtres. Comme si je touchais un peu à ma fin, comme au lendemain d’une de nos soirées dont on se réjouit quelques mois à l’avance, seulement une fois qu’elle est passée, il ne reste plus rien qu’une sorte de légère dépression. Et elle va nous engloutir. Il semble que rien n’adviendra plus parce que le monde s’ennuie.
Elle commence à s’estomper un peu dans ma tête. Un peu, mais quand-même. Il me faut arrêter là ma séquence de cinéma, car c’est ce qui arrive lorsque j’use trop la pellicule d’un souvenir. Il s’estompe.
Il faut que je la vois.
Il faut que je la vois.
Quand?… Je ne sais pas. Il le faut pourtant, pour recapturer de nouveaux souvenirs. Pour faire repartir ma pellicule favorite avec de nouvelles images. Ma pellicule, mon film secret.
Il faut que je la vois. Mon film se fait vieux, c’est tout ce que je sais.
Mon film m’intéresse plus pour le moment. Je suppose que j’ y reviendra lorsque cette femme me réapparaitra. Lorsqu’elle me fera comprendre, grâce à sa démarche, ses regards complices, qu’elle ne m’a pas oublié, elle, et qu’elle espère bien m’asservir.
Je me rappelle que je suis à la fenêtre du salon de mon appart.
Tout d’un coup, mes yeux semble retrouver la vue. Je regarde la vitre de la fenêtre devant laquelle je me tiens depuis quarante deux minutes.
Impression étrange. Celle de ne pas avoir vu cette fenêtre depuis une éternité. Peut-être même jamais. Comment ai je pu rester devant, autant de temps, sans la voir ?
Je voulais me reposer l’esprit de toutes ses divagations mais il semblerait que le silence, ainsi que la fine pluie qui tombe maintenant aient raison de moi et de ma volonté. je m’assois. Attend que ça passe. J’essaie d’en profiter un peu quand-même. Après tout, des fois où je me souvient d’elle et j’aimerais qu’elle soit là.
Alors…
Je sort de ma douce bulle, je me retourne…
j’ai besoin d’eau, je voudrais aller à la seule source qui puisse me désaltérer. Je ne peux pas me dire que le désir aussi s’use, aussi mature que je suis, et que l’on ne peut l’entretenir sans contacts physiques, ou encore sans voir celle qui éveille en moi ce même désir. Le désir pour ses sourires, sa peau, son odeur. Je ne peut lui parler de sa provocante sensualité. Et ses mains, Ses mouvements félins…
Mais je ne peux pas lui dire. D’abord parce que c’est bizarre et ensuite, cela peux être gênant.
Je me sent pris en faute. Avec ce goût de péché qui revient dans ma bouche.
Dans la cuisine, par mégarde, je re-croque dans mon sandwich. Il a un goût bizarre. Il n’est pas très bon. Comme s’il était rance. Comme s’il était passé. Comme si ma raison, en me rattrapant, avait balayé d’un revers de main tout mon présent pour le remplacer par une sorte de passé. De passé inéluctablement tourné vers le passé. Où aucun futur n’est possible…..Même la douce et tangible fin du monde semble s’être fait balayée de ce même revers de main. Et toutes ces choses qui avaient un goût de plaisir (voyages….), qui semblaient si réels et si forts ont maintenant un goût de lointain, un peu ridicule. Si ridicule qu’on évite de les croiser du regard. C’est ce que j’ai fait, d’ailleurs. Je les évite. Cette ridicule fin du monde, le film de cette femme… je repense à ça, et je sorte skater sous la pluie…
Dimanche 19 Janvier 2013.